23 juil. 2009

Juste une petite histoire (de la Descente en Enfer d'une Star).

Aujourd'hui, elle a dix-huit ans. Elle peut être la proie des paparazzi sans aucun problème maintenant. Elle est adulte. Ce n'est plus une enfant qui doit être protégée. Elle est belle, blonde décolorée, bien faite. Son statut de sex-symbol peu enfin être officiel, montré au grand jour. Et elle aime ça. L'actrice pour petites pré ados est maintenant grande. Elle peut faire des films plus trash, plus sexuels, elle pose à demi-nue, et puis, à quoi bon ? Elle pose nue. Autaut tout enlever. C'est de l'Art ! Elle peut sortir maintenant aussi. Elle a l'âge. Elle fait la fête. Elle boit beaucoup. Beaucoup trop. Son permis ? Elle l'avait depuis ses 16 ans. Comme toute américaine. A dix-huit ans, on lui enlève pour état d'ivresse et substances illicites retrouvées dans son véhicule. Elles n'étaient pas à moi. Elle est jugée et doit faire tant d'heures de T.I.G pour réparer ses fautes. A peine terminées, elle recommence. Elle ressort, elle reboit, elle se drogue, elle baise... Toujours plus. Le Monde entier est spectateur de cette folie. Le Monde entier voit défiler les couvertures de mauvaise presse de cette jeune femme qui se détruit. Mais personne ne fait rien, personne ne donne l'alerte. (*) Parce qu'au fond, la ménagère qui lit le magazine dans son salon de coiffure, ou la jeune fille jalouse et envieuse du succès de la Star, toutes deux aiment voir cette chute. Au fur et à mesure, l'actrice n'est plus actrice. Elle perd de son talent, de son envie de jouer. Elle aime ce qu'elle est devenue dans la vraie vie, elle ne veut pas perdre de temps à travailler, il faut profiter et s'éclater ! Elle joue dans un film permanent maintenant. Elle joue la junkie, la pute, la fêtarde, la salope. Elle ne fréquente plus que son dealer et ses compagnons de piqûres. Elle vit à l'hôtel, elle casse tout quelques fois, elle pète les plombs. Elle est toujours suivie, jamais tranquille, les shoots de photos riment avec les shoots d'héroïne. Elle n'est jamais seul, et pourtant, un grand sentiment de solitude s'empare d'elle. Et chaque jour elle le ressent un peu plus. Elle fume trop. Elle perd de ce charme qu'elle avait avant, ce regard pétillant, ce teint mate, ce sourire angélique. Maintenant, les traits de la dépendance marque son visage, son yeux sont vides, sans aucune expression particulière, les sourcils froncés, la bouche sèche, les bras, les veines... si abîmés. Elle se renferme, elle ne sort plus beaucoup le jour. Elle vit la nuit. Son sang n'est plus qu'un vulgaire mélange d'alcools et de drogues. Elle ne veut pas se soigner. Elle veut mourir. Elle ne comprend pas comment elle en est arrivé là. Elle ne comprend pas ce que sont devenues ses rêves, ses envies de jeunesse. De jeunesse. Elle a l'impression d'avoir tellement vécu, déjà. D'avoir trop vécu. D'avoir connu trop de choses, trop tôt. Elle n'a pas pris le temps de grandir. D'un jour à l'autre elle est passée d'enfant à adulte. Pour les autres. Elle a aimé au début jouer à l'adulte. Elle aimait le regard que les autres portait sur elle. Elle aimait ce reflet dans le miroir. Et maintenant, elle se déteste. Elle casse ce miroir sur le sol en marbre de la chambre d'hôtel. Trop grande et trop calme pour une fille de dix-neuf ans. Elle casse le miroir comme pour casser son image, cette personne qui n'est pas elle au fond. Cette personne qui a été fabriquée par les autres et que maintenant elle doit supporter, qu'elle doit accepter. Cette personne qu'elle doit être. Elle ne peut plus retourner en arrière. Le Mal est fait. Il la ronge, la déchire à l'intérieur. Elle n'en peut plus. Elle voudrait se jeter du balcon. Là, maintenant. Elle devrait. Mais il y a encore ces foutus photographes. Ils n'attendent que ça : une Mort en direct. Ils ne pensent qu'à ça. Ils voient bien qu'elle est au bord du gouffre, qu'elle le regarde et qu'elle va sauter un jour ou l'autre. Ils espèrent tous qu'elle va le faire. Parce que celui qui prendra la plus belle photographie touchera le gain du siècle. Celui qui prendra la photo, celui qui arrivera à la montrer en train de sauter, et à capter la profondeur et l'intensité de sa volonté de mourir dans son regard... Celui là verra sa photo dans tous les magazines, dans toutes les télévisions... Pas seulement les journaux et émissions spécialisés dans le "People", non. Sa photo sera Partout. Et la Terre entière la verra.
Elle est devenue un phénomène de foire. Les gens attendent qu'elle pète les plombs pour de bon. Ils attendent comme les paparazzi, mais eux, ne le reconnaissent pas.
Elle a vingt ans. Son dealer est son fournisseur, son bourreau, son meilleur ami, son amant. Elle ne l'aime pas. Elle le déteste. Elle voudrait qu'il disparaisse, qu'il la laisse. Qu'il arrête... Qu'ils arrêtent. Mais c'est trop tard. Elle est séropositive, et elle ne le sait même pas. Lui, il le sait. Lui, il sait que sa fin est proche. Leur fin. Il ne lui dit rien, ne lui laissant aucune chance de dire au revoir aux gens qui l'avaient aimée avant. Il ne dit rien. Ils meurent ensemble, dans une grande dose de sexe et d'héroïne. Dans ce motel minable. Ils étaient partis sur un coup de tête. Où ? La destination n'a pas d'importance, c'est le voyage qui importe. C'est le voyage qui nous change. L'arrivée n'est que l'aboutissement, la réalisation définitive de soit. Elle n'aura pas eu le temps d'arriver. Elle n'aurait pas eu la force de toute façon. Il aurait fallu qu'elle s'affronte elle-même et qu'elle fasse mourir en elle cette partie qui a trop pris d'importance. Elle est morte dans une grande dose de sexe et d'héroïne, dans ce motel minable, dans les bras de son dealer. Le seul qui savait, qui la comprenait, en fin de compte. C'est peut être pour ça qu'elle le détestait. Parce que seul lui la connaissait finalement. Et c'est ça qui l'effrayait le plus. Il n'y a pas eu de grande, belle et coûteuse photo. Il y a juste eu des gros titres pendant longtemps. Mais maintenant que la jeune femme est morte, elle laisse la place à une autre. J'ai entendu dire qu'une chanteuse célèbre chez les gosses du monde entier venait de fêter sa majorité... (photos : Dakota Fanning, photographiée par Juergen Teller pour Marc Jacobs / Miley Cyrus, photographiée par Annie Liebovitz pour Vanity Fair / Kristen Stewart, photographiée par Matthew Frost pour Jalouse)

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